Verification of Payee : terreau d’opportunités pour les entreprises ?

Verification of Payee : terreau d'opportunités pour les entreprises ?
À partir du 9 octobre 2025, les banques et établissements de paiement de la zone euro devront appliquer la Verification of Payee (VoP) sur tous les virements SEPA classiques (SCT) et instantanés (SCT Inst).

Prévue dans l'Instant Payment Regulation (IPR 2024/886), cette mesure impose la vérification de la correspondance entre l'identité du bénéficiaire et le titulaire du compte associé à l'IBAN, avant l'exécution du virement. Son objectif est double : réduire les fraudes au virement et renforcer la confiance dans les paiements électroniques.

Pour les entreprises, cette nouvelle étape dans le parcours peut impacter la relation client et la fluidité des encaissements. Mais bien préparée, cette évolution représente surtout une opportunité d'améliorer la sécurité, la transparence et la fiabilité des flux financiers.

Table des matières

Une étape réglementaire pour sécuriser les paiements

La fraude au virement reste l’une des plus coûteuses : il suffit d’une facture falsifiée ou d’un email de phishing pour détourner un règlement. Rien qu’en Europe, les fraudes dites « à l’IBAN » représentent plusieurs milliards d’euros chaque année. Avec la Verification of Payee, ce type d’attaque devient beaucoup plus difficile. Le donneur d’ordre est immédiatement alerté lorsque le nom renseigné ne correspond pas au titulaire du compte.

Son équivalent britannique, le Confirmation of Payee, mis en place en 2020 a permis une réduction de 20 à 40 % des pertes liées aux fraudes par virement et une baisse de près de 60 % des paiements mal orientés¹. Il a aussi renforcé la confiance des utilisateurs dans l’usage des paiements instantanés. Le marché européen suit la même trajectoire.

Comment fonctionne la Verification of Payee ?

Avant d’exécuter un virement, la banque du payeur interroge le registre de référence (EPC Directory Service) pour comparer le nom saisi avec celui du compte associé à l’IBAN.

Le résultat est affiché au payeur en temps réel :

  • MATCH : correspondance exacte
  • CLOSE MATCH : correspondance partielle (faute de frappe, abréviation, accent, particule…)
  • NO MATCH : aucune correspondance détectée
  • CHECK NOT POSSIBLE : vérification impossible (données manquantes ou indisponibles)

Suite à ça, le payeur est libre de poursuivre ou non son virement. Mais en pratique, un « no match » réduit fortement la probabilité que le virement soit confirmé.

Verification of Payee : contrainte ou opportunité ?

Avec la mise en œuvre de ce système, les DAF s’interrogent : quelle réponse organisationnelle mettre en place pour maintenir une expérience utilisateur fluide, assurer la continuité des transactions, afin de préserver ses flux de trésorerie ? Derrière l’obligation réglementaire, se cachent à la fois des défis et de réelles opportunités stratégiques.

Une expérience payeur plus sécurisée, mais plus exigeante

Pour l’initiateur du virement, la VoP apporte une sécurité immédiate : plus de doute, l’IBAN correspond bien au bénéficiaire attendu. En revanche, la moindre alerte (« close match » ou « no match ») peut pousser le client à interrompre le paiement et ainsi générer un effet négatif sur la relation commerciale.

Côté entreprises, cela impose une discipline nouvelle : la dénomination bancaire doit être parfaitement alignée avec celle que les clients utilisent. La moindre incohérence, et un virement pourra être retardé ou abandonné.

Quels impacts pour les directions financières ?

Ce nouveau dispositif s’inscrit dans le cycle Order-to-Cash des entreprises, car peut affecter leur trésorerie.

Dans bien des cas, le donneur d’ordre devra corriger son ordre et relancer le virement, allongeant ainsi les délais de règlement (DSO) et compliquant la gestion du cash-flow. Pour les équipes financières, comptables et commerciales, cela peut aussi se traduire par une charge administrative supplémentaire, pour adapter leurs infrastructures et process à ces changements, notamment en termes de relation clients.

Quelques cas spécifiques à surveiller

Certaines entreprises sont particulièrement exposées au risque de « no match » :

  • Sociétés connues sous un nom commercial : si un client saisit « Boulangerie du Centre » alors que le compte est au nom de « SARL Dupont », le virement sera bloqué
  • Groupes multi-filiales : si le client saisit le nom de la maison-mère alors que la facture émane d’une filiale (ou inversement), un « no match » et encaissement repoussé
  • Marketplaces et plateformes : certains payeurs risquent d’indiquer le nom du site ou de la marque au lieu de l’entité juridique détentrice du compte. Là encore, le risque est de voir le virement bloqué ou abandonné

Une opportunité stratégique au-delà du réglementaire

En marge de quelques contraintes, la Verification of Payee est un levier d’amélioration des process financiers.

  • Fiabilisation des données clients : la VoP impose une cohérence stricte dans les informations fournies aux clients. Les DAF peuvent en profiter pour assainir leur base (ERP, CRM, comptabilité) et fichiers, pour améliorer la performance du cycle de recouvrement
  • Détection proactive des anomalies : chaque alerte devient un signal utile pour identifier des défauts de saisie, des incohérences contractuelles ou des pratiques client non conformes
  • Accélérateur pour le paiement instantané : en réduisant le risque de fraude et d’erreur, la Verification of Payee crée les conditions nécessaires à une adoption massive du virement instantané en B2B. Cela signifie des encaissements plus rapides, une meilleure maîtrise du cash-flow

Comment se préparer d’ici octobre ?

Trois chantiers prioritaires s’imposent :

  • Mettre à jour les dénominations dans les référentiels : Déclarer auprès de sa banque ou PSP toutes les marques, enseignes ou sites afin d’optimiser les correspondances dans l’EDS
  • Aligner la communication contractuelle : Factures, devis, portails clients… tout doit afficher la dénomination exacte du compte. Bannir les abréviations, sigles ou mentions parasites
  • Accompagner les clients et les équipes : Informer les payeurs du nom à saisir, former les équipes comptables et commerciales pour réagir rapidement aux rejets

À noter : la Verification of Payee couvre uniquement les virements SEPA, non les paiements internationaux.

Une norme qui bénéficie à la fois aux entreprises et à leurs clients

Concrètement, la Verification of Payee c’est :

  • Encaissements plus fiables, avec moins d’erreurs de saisie et de paiements mal orientés
  • Sécurité renforcée, en réduisant le risque de fraude
  • Transparence accrue, qui renforce la confiance dans la relation commerciale

Chez CentralPay, chaque IBAN est associé à un compte marchand propriétaire, garantissant une parfaite correspondance. Les marchands peuvent déclarer l’ensemble de leurs marques, noms commerciaux et enseignes pour maximiser la couverture.

En s’adaptant dès maintenant, les directions financières ne se contentent pas de se préparer à la réglementation Verification of Payee : elles renforcent aussi la résilience de leur trésorerie et posent les bases d’une adoption fluide du paiement instantané dans leurs relations commerciales.

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¹ UK Finance, Annual Fraud Report (2025)